La digitalisation touche tous les secteurs de la société, bouleverse les habitudes et augmente le niveau de productivité. Le secteur juridique n’est pas en marge de cette révolution. Les codes et méthodes de travail dans les cabinets d’avocats et dans les départements juridiques des entreprises ont fortement été digitalisés au cours de ces dernières années. Mais qu’en est-il réellement de la formation des acteurs ?
Les legaltechs : un secteur en forte croissance
Une legaltech est une start-up au travers de laquelle les technologies sont mises au service du droit. Ce nouveau type d’acteur du droit rend plus accessibles la rédaction d’actes, l’information juridique ou encore d’autres domaines plus pointus comme la privacy Tech ou la Civic Tech. Aujourd’hui, les legaltechs constituent près de 31 % du secteur juridique (Source : Village Justice) et plusieurs cabinets d’avocats, juristes et notaires ont déjà intégré leurs outils dans leur quotidien pour améliorer leurs méthodes de travail et avoir une plus grande productivité. Au nombre de ces outils, on peut citer les logiciels de classement documentaire et les logiciels de modélisation qui créent des dossiers 100 % numériques.
La satisfaction du client : le cœur de la digitalisation du secteur juridique
Aujourd’hui, on a plus forcément besoin de se rendre dans un cabinet avant de s’offrir des services juridiques. Depuis un ordinateur, une tablette ou un simple smartphone, il est possible de faire un certain nombre d’actes ou même de bénéficier de conseils juridiques en ligne. Tout se déroule désormais sur Internet. Depuis la constitution du dossier jusqu’à son aboutissement, le client n’a plus besoin de se déplacer pour aller à la rencontre du professionnel du droit. Des outils de certification de signature ont même été mis en place pour dématérialiser complètement les processus. Certes, pour certains dossiers délicats comme le divorce, une rencontre avec le professionnel demeure essentielle pour la finalisation, mais la majeure partie de la procédure se déroule en ligne. Cela constitue un gain de temps important pour le client, car il n’a plus besoin de prendre un rendez-vous pour avoir recours à des services juridiques. De plus, ces prestations lui reviennent beaucoup moins chères que les prestations traditionnelles.
Quid des acteurs du droit eux-mêmes ?
Malgré l’adoption de plus en plus massive des outils digitaux par les clients, les acteurs du droit peinent encore à se les approprier. Une étude réalisée en 2018 par le cabinet PWC a démontré que 50 % des directions juridiques ont une faible connaissance du domaine digital, soit plus de la moitié. 32 % ont une connaissance moyenne et 18 % seulement ont une connaissance avancée. 3 % seulement des entreprises interrogées ont déjà procédé à la dématérialisation de leurs contrats et ont un système de signature électronique. 8 % seulement ont un logiciel de travail déployé dans l’ensemble des services de l’entreprise et 67 % n’utilisent aucun outil digital pour les dossiers de contentieux. Ces statistiques démontrent aisément que les acteurs du secteur juridique n’exploitent pas encore pleinement le potentiel qu’offre le secteur digital. La majorité d’entre eux ignorent même totalement le potentiel que pourraient représenter ces nouveaux outils dans leurs activités.
La formation : le défi à relever
L’arrivée des legaltechs a bousculé les habitudes dans le secteur juridique et a accéléré la démocratisation du droit. Toutefois, il urge de réfléchir à nouveau à propos de la digitalisation. En effet, il faudrait ramener les juristes au cœur de la conception des solutions technologiques et tenir principalement compte de leurs besoins. Justement en termes de besoins, l’étude du cabinet PWC en a révélé trois principalement :
- la dématérialisation de la documentation, des processus et des comptes rendus ;
- la facilitation de la collaboration interne grâce à la mise en place de nouveaux outils ;
- l’amélioration de la conformité avec l’environnement réglementaire.
Le juriste ne doit donc pas subir la transformation numérique, mais il doit en être un acteur principal. Mais pour y arriver une adaptation est nécessaire, d’où le soin de mettre en place des formations qui sont mieux adaptées aux réalités actuelles.
Il s’avère donc indispensable de mettre le juriste en contact avec le monde du digital dès ses classes à l’université. Des cours sur le digital doivent être directement intégrés dans les cursus universitaires et dans les écoles privés comme l’ESUP pour permettre une adaptation plus rapide. Quelques universités ont déjà commencé à mener des actions dans ce sens. C’est le cas par exemple de l’Université Paris II Panthéon-Assas où il est ouvert depuis trois ans un diplôme universitaire transformation numérique du droit et Legaltech. Tout au long du cursus, les jeunes sont formés de sorte à être directement employables au sein des legaltechs. Pour les professionnels qui sont déjà en activité, de nombreuses formations sont organisées régulièrement pour leur permettre de prendre en main les nouveaux outils. Elles sont initiées par les entreprises elles-mêmes ou par des cabinets indépendants.
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